Que peut-il y avoir de plus secret chez le Père Naz ?
L’échéance arrivant, nous nous rendîmes avec notre guidos Fred chez nos cousins germains les Lagafiens, organisateurs de la sortie. Sur place et après quelques bisous, nous chargeâmes le matos puis reprîmes notre voyage, direction : le village de départ de Serrières de Briord dans l’Ain.
Là, devant une petite chapelle, le premier rite consista à se transformer en batracien. Pour ce, nous dûmes nous dénuder, hommes et femmes, afin d’enfiler en premier lieu la peau, dite « peau de Monsieur Pren ». Après bien des efforts, conseils, encouragements, et ayant réussi à nous fondre à l’intérieur de cette dernière, le guidos chef, nous dit que dorénavant nous avions le droit d’appeler Monsieur Pren par son prénom : Néo. Ainsi affublé de la peau de Néo, de gants, de chaussures, de casque et de baudrier, par un beau soleil d’été, l’Élu nous demanda de remonter en voiture pour se rendre à l’extrémité haute de la turbulente. Passage souhaité ou non par les organisateurs devant le terrain de foot, où le nombre de spectateurs était à son apogée, nous proposions alors une chorégraphie peu banale. Imaginez le tableau, 16 batraciens casqués en voiture sur le parking du stade, ne sachant ou aller, pendant que les autochtones s’adonnaient à la préparation de libations fort rurales tout en veillant à ne pas risquer la déshydratation. Enfin nous quittâmes sans regret le village pour le haut des rapides. Deuxième rite initiatique, les ablutions.
De façon identique au reste des participants, l’immersion de la peau que l’on nous avait confiée fut faite dans une vasque naturelle où l’eau turbide nous attendait. Soudain, un guidos nous dit, à nous débutants de première classe, d’ouvrir la peau pour faire rentrer du liquide entre notre corps et la carapace afin d’être mieux après. Oui mais après quoi ? Novices, nous nous exécutâmes. C’est froid, très froid ! Un autre guidos nous pria de bien vouloir ensuite nous immerger complètement ; même le
casque. Bizarre, le doute s’installe, nous sommes toujours seuls dans l’eau et les autres nous regardent. Exempts de toute rebellion, nous nous immergeons total ! Ce n’est qu’à notre réapparition que j’entends Jonathan, un non novice, nous dire avec la voix de Bourvil « mais qu’est-ce-que vous faites ? » Là, c’est sûr c’était le bizutage ! Moment au combien attendu par les grands prêtres et redouté par les petits. Doute levé quand Guillaume, guidos chef, tel Yahyâ ibn Zakariya sur les bords du Jourdain il y a fort longtemps, intima l’ordre d’immersion totale à toute la fratrie. Ouf !!! Une très belle randonnée aquatique nous attendait et nous mena à travers mousses et lichens luxuriants, vasques et toboggans vers la troisième station : le rappel. Pas grand-chose à en dire, nous connaissions l’histoire qui nous attendait, de plus l’extrême application et bienveillance de Guillaume ne pouvait que nous rassurer.
Petit mémo pour les futurs apprentis canyoneurs.
Un rappel en canyoning, c’est comme en montagne sauf que :
- tu le fais que sur un seul brin de corde
- tu n’as pas d’auto-assurance ni de contre-assurance
- tu as de l’eau qui te tombe dessus
- tu finis dans l’eau et tu dois nager pour regagner la terre ferme
- tu ne descends pas avec ton sac à dos, mais tu le jettes avant
Oui, particularité du canyoning, tu ne portes pas ton sac, tu le jettes. Tout le temps tu le jettes. Un rappel, tu jettes ! une vasque, tu jettes ! un toboggan, tu jettes ! tu jettes, tu jettes, tu jettes. Ou alors tu le pousses comme un bousier quand l’envie te prend de nager.
Quatrième épreuve : C8
C comme saut, 8 comme la hauteur en mètres qu’il y a entre le dessous de tes godasses et le dessus de l’eau, plus bas, beaucoup plus bas ! Pour le besoin 8 mètres c’est comme si tu étais au 3° étage de chez ton copain qui habite dans un immeuble avec rez-de-chaussée et que debout sur le balcon tu sautes. Ou que tu es debout sur un escabeau au faîtage de ta maison et que tu sautes. Bref, quand tu es au-dessus du vide avec de l’eau en dessous, plus bas, beaucoup plus bas, que les parois verticales te rappellent étrangement un entonnoir, que sur ta droite arrivent les déferlentes, que plus bas on te regarde, tu te retrouves vite avec ton toi-même, ton tréfond quoi ! Vu que tes congénaires d’un jour batraciens t’encouragent, du bas, que ta fille l’a fait, là tu fais le pas de ta vie. Moment de solitude ! puis la chute, le splach, le coulage, la petite rétropropulsion des mains et fesses au fond du torrent, tu remontes, tu sors la tête de l’eau et tu respires à plein poumons comme dans une pub Hollywood chewing-gum. Vite tu souris pour montrer tes dents blanches et faire disparaître derrière ton teint livide. Tu vérifies la présence et le fonctionnement de tes membres un à un, tout fonctionne. Tu rejoins le groupe en nageant et là quelque chose de nouveau t’intrigue. Tu as entre les jambes une excroissance, une énorme paire de corones. Tu es fier, fier comme Jeff Tusche arrivant à Monaco. Le reste de la descente n’est que pure formalité et épreuve délicieuse. Sauts, Toboggans, nage, …..
De retour au village, HEUREUX, tu dépeautes. Grand moment de solidarité pour s’extirper de la peau. Vérification vite faite, pas de dégâts apparents à l’intérieur, pas un pet de travers, pas une souillure. Fiers, nous sommes fiers ! Collègues baumois, les cousins lagafiens sont comme nous. Oui, pour eux aussi, après le sport, le réconfort. Moults mets salés et sucrés vinrent terminer cette journée exquis
Rendez-vous est pris pour juin 2015, date de la prochaine virée en canyoning avec Maître Guillaume et les guidos Emilie, Fred, Jérome, Philippe que nous remercions pour leur gentillesse.
Autres participants : Batraciens lagafiens aguéris : Jonathan, Catherine, Teddy, Romain
Batraciens lagafiens initiés : David, Mathieu, Eric, Hervé, Franck
Batraciens novices : La famille ! (Anaïs, Christelle, Olivier). Pablo sera de l’aventure 2015 avec vous
Olivier (USB montagne)
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